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jeudi 13 janvier 2011

La future taxe qui €xcite $anef

Dernière ligne droite avant de savoir à quel groupement privé le gouvernement confiera la perception des 1,2 milliard d’euros de la future taxe poids lourds. Les cabinets de lobbying sont à la manoeuvre.
Il est rare que la mise en place d’une future taxe suscite autant d’enthousiasmes, d’appétits, et de bagarres entre groupes privés. C’est le cas de la taxe poids lourds, une promesse qui figurait dans le programme du candidat Sarkozy en 2007. Ce nouveau prélèvement doit faire tomber environ 1,2 milliard d’euros par an dans les caisses de l’État vers 2013.


Cette “écoredevance“ doit frapper tous les poids lourds circulant sur certaines voies. Ils paieront un taux en fonction du poids de marchandise qu’ils transportent et du kilométrage parcouru par les colis.
Ce que le gouvernement dit moins c’est que la nouvelle taxe risque de grignoter le pouvoir d’achat du consommateur. Car son montant sera répercutée sur l’industriel qui fait appel à un camion pour transporter son pot de yaourt ou ses meubles. Et au final, c’est le consommateur qui risque de trinquer.
Une vraie cagnotte pour l’État mais aussi une authentique usine à gaz à mettre en place sur environ 15 000 km de voies où la circulation est aujourd’hui gratuite pour les poids lourds : les autoroutes bretonnes par exemple, plusieurs routes à 2 fois 2 voies, la totalités des routes nationales et certaines départementales.
Pour cela, Big Brother doit déployer toute sa technologie hyper pointue.
Car s’agisssant d’un système de péage par satellite sans barrière de péage physique, il faut couvrir les routes de portiques équipés truffés d’équipements sophistiqués. Pour faire simple, lorsque les camions passeront dessous, ils actionneront un compteur relié à un satellite qui renverra chaque mois la facture aux transporteurs.
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Comme la perception de cette taxe est très compliquée, l’État a choisi de privatiser l’opération. Un groupement privé composé de spécialistes des autoroutes, des télécoms et du paiement électronique sera chargé de financer l’investissement, de l’exploiter et de l’entretenir. Et sur le montant total de la recette de la taxe - environ 1,4 milliard brute - il s’en gardera une petite partie, environ 15%, pour se payer.
Sur la durée du partenariat public privé, l’heureux gagnant doit empocher environ 2 milliards d’euros en 12 ans. Certes il y a des risques – en cas de retard dans l’installation, le consortium risque de laisser sa chemise en indemnités – mais si tout se passe comme sur des roulettes, c’est bingo !
On comprend donc pourquoi cette taxe attise autant de convoitises. Après un appel d’offre lancé il y a plusieurs mois, l’État devrait faire son choix de façon incessante. On disait avant Noël, ce sera plutôt en janvier.

Concurrence acharnée

D’après certaines indiscrétions qui relèvent peut-être d’une intox, sur quatre candidats au départ, la finale se jouerait entre deux groupements. Le gagnant serait soit le consortium formé par la société d’autoroute privatisée Sanef avec la Caisse des dépôts, Atos Origin, Siemens, Safran. Soit celui de l’exploitant autoroutier italien Autostrade contrôlé par la famille Benetton. Et toujours selon ces rumeurs, le groupement Orange-Bouygues-Kapsch serait dans les choux.
Mais rien n’est certain et dans la dernière ligne droite, les grands manitous du lobbying sont à la manœuvre auprès du gouvernement et de la presse pour tenter de dégommer le concurrent ou répondre aux attaques. Quand Autostrade fait appel au cabinet Bernard Spitz conseil, le consortium Sanef s’est attaché les services d’Euro RSCG, filiale d’Havas.
Lequel mène un jeu d’un machiavélisme décoiffant. Début décembre, Euro RSCG s’est dépensé auprès des journalistes pour leur faire savoir qu’Autostrade était le mieux noté par des évaluations du gouvernement et risquait d’être l’heureux gagnant. Bref l’agence a fait la com’ du groupement concurrent de son client avec pour résultat, un article dans le quotidien économique la Tribune.
Mais la manœuvre à double détente était destinée à mieux enfoncer Autostrade en cristallisant un mouvement d’opinion hostile. L’article était en effet assorti de fortes réserves vis-à-vis de ce possible choix du gouvernement. A l’appui, les déclaration d’un « expert du transport routier qui requiert l’anonymat » mis à disposition des journalistes par Euro RSCG.
En réalité, il s’agit d’un des pontes d’une fédération de transporteurs routiers, la FNTR. Argumentaire développé par cet homme de l’ombre : choisir Autostrade serait « provocateur » car ce groupement accueille un partenaire minoritaire qui s’appelle SNCF, entreprise publique qui possède aussi des camions via sa filiale à 100% Geodis. Laquelle adhère à une fédération concurrente de la FNTR, ce qui énerve celle-ci au plus haut point.
Et pour que l’argumentaire rentre bien dans les têtes et dézingue pour de bons le concurrent de son client, Euro RSCG a diffusé à la presse et auprès des cabinets ministériels, une “note blanche “. Une bafouille de deux pages joliment anti-SNCF et visiblement inspirée par la fédération de routiers. On dirait du Anne Méaux mais chaussée de gros sabots.
Diabolique… et un brin schizophrénique. Car Euro RSCG possède aussi un gros client qui lui garantit un gros budget chaque année. Ce client s’appelle… la SNCF.
Conflit d’intérêts quand tu nous fait vivre et dérailler…

source : http://www.bakchich.info/  excellent site de (vrai) journalisme, hélas sur le point de fermer