Le gouvernement n’entend ni renationaliser ni
prolonger les concessions autoroutières, mais les « moderniser », a
indiqué ce jeudi le ministre délégué aux Transports lors d’un débat au Sénat.
Le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste
Djebbari s’est dit ce jeudi lors d’un débat au Sénat, en désaccord avec
l’analyse d’un récent rapport sénatorial, selon lequel Vinci Autoroutes et
Eiffage devraient atteindre la rentabilité dès 2022, plus dix ans avant la fin
de leurs concessions.
Les dividendes versés atteindraient, selon ce rapport,
ensuite environ 40 milliards d’euros, dont 32 milliards pour Vinci et
Eiffage, avant la fin des concessions entre 2031 et 2036 pour la plupart
d’entre elles, selon le rapport.
« Il apparaît donc impensable de prolonger les
concessions en cours, et si le choix est fait de les renouveler lorsqu’elles
arriveront à échéance, il faudra en minima en abaisser la durée », a noté
le sénateur Eric Jeansannetas (RDSE), président de la commission d’enquête
sénatoriale.
À tout le moins, « il faut arrêter la logique
infernale travaux-allongement des travaux », a renchéri le centriste
Vincent Delahaye, rapporteur de la commission d’enquête, évoquant des contrats
« mal ficelés ». Il faut au contraire, selon lui, négocier « des
travaux complémentaires sans contrepartie », ne pas hésiter à brandir des
pénalités, et négocier certaines baisses de péages.
« Il est impératif de mieux partager les profits des sociétés d’autoroutes avec l’État et les usagers, et de rééquilibrer les relations entre le concédant et les concessionnaires », avait déjà pointé la commission d’enquête du Sénat en septembre.
« Un sommet des autoroutes »
« Il n’existe aucun rapport ni aucune analyse qui
prouverait de manière robuste une surrentabilité des sociétés
concessionnaires », a rétorqué Jean-Baptiste Djebbari. Les autoroutes
« méritent mieux que des raccourcis et des débats simplistes »,
a-t-il lancé.
Le ministre s’est élevé contre le
« concession-bashing », rappelant que les sociétés autoroutières ont
versé 50 milliards d’euros d’impôts entre 2006 et 2018, période pendant
laquelle elles ont investi 20 milliards dans le réseau.
Le ministre voit dans la fin prochaine des concessions
« l’occasion de faire un débat critique de notre modèle de financement des
infrastructures sans complaisance ni démagogie » pour « le faire
changer en mieux ». Il prône ainsi un « meilleur encadrement des
contrats » existants, rappelant que des mécanismes empêchaient désormais
les « surprofits ».
M. Djebbari s’est encore dit défavorable à une
interruption des contrats avant leur terme. Une renationalisation coûterait
« plus de 47 milliards d’euros » et serait une entrave à l’état
de droit, selon lui. Et s’est prononcé contre un prolongement des concessions
en échange de nouveaux travaux. « À trop vouloir prolonger les contrats du
passé, nous risquerions d’accroître leur déconnexion avec les attentes des
Français ».
sources : Sud Ouest
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire