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mardi 20 avril 2021

Travailler de nuit ou avec des horaires décalés augmente aussi le risque de maladies cardiovasculaires

Une nouvelle étude scientifique révèle que travailler à des horaires atypiques augmenterait le risque de développer des maladies cardiovasculaires.

Batman pourrait avoir des problèmes de cœur. Littéralement. Si la comparaison peut prêter à sourire, une étude bien sérieuse, présentée à l’ESC Prévention Cardiologie 2021 (congrès scientifique sur la santé cardiovasculaire) démontre que les travailleurs aux horaires atypiques auraient plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires. Ce qu’on entend par horaires atypiques concerne toutes ces personnes qui sont décalées avec ces horaires dits « normaux » de travail. Selon des chiffres de 2017, ce serait 20 % d’individus en Europe qui travaillent de nuit ou très tôt le matin.

La recherche a étudié des résultats chez 301 ouvriers employés dans des entrepôts de distribution au Portugal. Leurs horaires sont tôt le matin, de 6 heures du matin à 15 heures ; tard le soir, de 15 heures à minuit ; ou la nuit, de 21 heures à 6 heures. En plus de renseigner diverses informations (âge, sexe, emploi…), ils se sont fait mesurer leur tension artérielle et leur taux de cholestérol.

Le jet-lag du sommeil

Les scientifiques ont par la suite noté le nombre d’heures de sommeil de chacun et ont estimé leur horloge biologique interne ou horloge circadienne. Ils ont utilisé ces données pour quantifier ce qu’ils appellent le désalignement circadien. Ce dernier représente la différence entre cette horloge biologique, régulant les rythmes circadiens quotidiens (alternance entre veille et sommeil) et l’horloge sociale, qui est imposée notamment par le travail. « Le désalignement circadien se produit lorsqu’il y a un décalage entre ce que votre corps veut (comme s’endormir à 22 heures) et ce que vos obligations sociales vous imposent (travailler jusqu’à minuit) », indique le Dr. Sara Gamboa Madeira, autrice de l’étude.

Ce désalignement circadien produit ce que les scientifiques appellent « le décalage horaire social ». Le cycle de sommeil normal d’un individu est en fait bouleversé par des horaires de travail de nuit. En fonction de ce jet-lag, les chercheurs ont créé trois groupes d’individus : ceux qui ont un décalage de 2 heures ou moins, ceux qui l’ont de 2 heures à 4 heures, et les derniers, de 4 heures ou plus. En croisant ce décalage horaire avec d’autres données comme le tabagisme, le cholestérol ou la tension artérielle, ils ont pu déterminer si les ouvriers avaient un risque cardiovasculaire plus ou moins élevé.

Des résultats inquiétants

Pour un âge moyen des participants de 33 ans (dont une majorité d’hommes), l’étude indique que 51 % sont fumeurs, 49 % ont un taux de cholestérol élevé et 10 % ont de l’hypertension. Et souligne que 20% de ces ouvriers ont un risque important de développer des maladies cardiovasculaires. Les chercheurs déterminent ce risque en regardant le tableau européen d’évaluation du risque cardiovasculaire : au niveau 1, on retrouve des personnes qui ne fument pas, qui ont de bons chiffres au niveau de leur cholestérol et tension artérielle et au dernier niveau, le 12, on a des individus qui fument avec de très mauvais résultats de cholestérol et tension artérielle. Il est précisé que dans l’étude, à partir de 3 ou plus, le risque cardiovasculaire est déterminé comme élevé.

L’étude relève que 40 % des ouvriers ont une durée de sommeil de 6 heures ou moins, et un jet-lag social moyen de presque 2 heures. Dans le détail, 59 % des individus ont ce décalage de 2 heures ou moins, 33 % entre 2 heures et 4 heures et 8 % à 4 heures ou plus. L’étude conclut que pour chaque heure de décalage horaire social ajouté, on augmente de 31 % la probabilité d’être désigné comme un individu à haut risque cardiovasculaire même en changeant d’autres caractéristiques de l’individu comme l’âge, le sexe, ou le travail.

sources : neonmag

 

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