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dimanche 11 décembre 2016

Les rois du bitume font la loi



Pour le porte-monnaie des Français, les années électorales ont parfois du bon. Les hausses des prix réglementés par le gouvernement sont le plus souvent modérées. En vertu de cet adage, les automobilistes devraient se réjouir de la hausse des tarifs autoroutiers de février 2017. Avec +0,76 % en moyenne sur l’ensemble des 8 000 km du réseau exploité par trois groupes internationaux (Vinci avec ASF, Cofiroute et Escota, Eiffage avec APRR et Area, Abertis avec Sanef et SAPN), c’est la deuxième plus faible augmentation depuis une dizaine d’années, après le gel imposé par Ségolène Royal en 2015, et sans doute pour longtemps.



En effet, dès 2018, et pour trois ans, les tarifs autoroutiers auront droit à un nouveau coup d’accélérateur. Le plan de relance autoroutier version 2016, troisième du nom et deuxième de la mandature de François Hollande, prévoit un petit supplément de 0,3 % à la formule ordinairement appliquée pour calculer la hausse des tarifs. Ce choix s’explique par le pragmatisme : toucher à la durée des concessions nécessite une loi, et le risque de voir un débat parlementaire en remettre une couche sur le scandale des autoroutes, comme ce fut le cas en 2014-2015. Avec la modification tarifaire, c’est plus simple, car elle relève d’un simple petit décret.
 
Pour les concessionnaires, c’est donc fromage et dessert : en 2015, prorogation des concessions et, en 2016, garantie de hausses plus importantes. Comme le signalait la nouvelle autorité charger de réguler les transports, l’Arafer, une part importante des centaines de millions de travaux d’entretien ou de construction retombe dans les mains des filiales de BTP des détenteurs de concessions, passant d’une poche de Vinci à une autre poche de Vinci. On comprend donc que les concessionnaires d’autoroutes soient peu sensibles au 13 % de frais d’études et aux factures qui explosent puisque celles-ci servent de base au calcul du tarif. À la fin, c’est l’usager qui paie…

Pis : l’État et l’Arafer ne disposent pas de l’ensemble des opérations, ni de leurs détails. Résultat : c’est donc sur la seule parole des concessionnaires que sont discutées les hausses des tarifs, liées aux travaux sur le réseau… Déjà remboursés des 15 milliards d’euros de leur investissement initial en 2015, les rois du bitume regardent donc l’avenir avec des lunettes roses. Officiellement, ils ont la poule aux œufs d’or dans leur poulailler pour encore une vingtaine d’années, avec la certitude d’empocher quelques 60 milliards d’euros sur la période. Mais, comme le précisent les jolis astérisques dans les documents de Vinci à destination des investisseurs, c’est compter sans « les augmentations potentielles de nouveaux plans de relance » tant sur les tarifs que sur la durée des concessions.

À ce compte, la hausse de 0,76 % des tarifs en 2017 est un cadeau.
Marianne N° 1026 du 25 novembre 2017

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