Pour le porte-monnaie des
Français, les années électorales ont parfois du bon. Les hausses des prix
réglementés par le gouvernement sont le plus souvent modérées. En vertu de cet
adage, les automobilistes devraient se réjouir de la hausse des tarifs
autoroutiers de février 2017. Avec +0,76 % en moyenne sur l’ensemble des 8
000 km du réseau exploité par trois groupes internationaux (Vinci avec ASF,
Cofiroute et Escota, Eiffage avec APRR et Area,
Abertis avec Sanef et SAPN), c’est la deuxième plus faible
augmentation depuis une dizaine d’années, après le gel imposé par Ségolène
Royal en 2015, et sans doute pour longtemps.
En effet, dès 2018, et pour trois ans, les tarifs
autoroutiers auront droit à un nouveau coup d’accélérateur. Le plan de relance
autoroutier version 2016, troisième du nom et deuxième de la mandature de
François Hollande, prévoit un petit supplément de 0,3 % à la formule
ordinairement appliquée pour calculer la hausse des tarifs. Ce choix s’explique
par le pragmatisme : toucher à la durée des concessions nécessite une loi,
et le risque de voir un débat parlementaire en remettre une couche sur le
scandale des autoroutes, comme ce fut le cas en 2014-2015. Avec la modification
tarifaire, c’est plus simple, car elle relève d’un simple petit décret.
Pour les concessionnaires, c’est donc fromage et
dessert : en 2015, prorogation des concessions et, en 2016, garantie de
hausses plus importantes. Comme le signalait la nouvelle autorité charger de
réguler les transports, l’Arafer, une part importante des centaines de
millions de travaux d’entretien ou de construction retombe dans les mains des
filiales de BTP des détenteurs de concessions, passant d’une poche de Vinci
à une autre poche de Vinci. On comprend donc que les concessionnaires
d’autoroutes soient peu sensibles au 13 % de frais d’études et aux
factures qui explosent puisque celles-ci servent de base au calcul du tarif. À
la fin, c’est l’usager qui paie…
Pis : l’État et l’Arafer ne disposent pas de
l’ensemble des opérations, ni de leurs détails. Résultat : c’est donc sur
la seule parole des concessionnaires que sont discutées les hausses des tarifs,
liées aux travaux sur le réseau… Déjà remboursés des 15 milliards d’euros de
leur investissement initial en 2015, les rois du bitume regardent donc l’avenir
avec des lunettes roses. Officiellement, ils ont la poule aux œufs d’or dans
leur poulailler pour encore une vingtaine d’années, avec la certitude
d’empocher quelques 60 milliards d’euros sur la période. Mais, comme le
précisent les jolis astérisques dans les documents de Vinci à
destination des investisseurs, c’est compter sans « les augmentations
potentielles de nouveaux plans de relance » tant sur les tarifs que
sur la durée des concessions.
À ce compte, la
hausse de 0,76 % des tarifs en 2017 est un cadeau.
Marianne N° 1026 du 25 novembre
2017
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