Un
rapport indique que le prétendu « gel » des tarifs des autoroutes décidé par
l’Etat en 2015 rapportera en fait 500 millions d’euros de plus aux grandes sociétés
privées qui les exploitent.
Et
un scandale de plus dans le dossier déjà épais de la privatisation des
autoroutes. Selon un rapport rédigé par l’Autorité de la régulation des
activités ferroviaires et routières (Arafer), le « gel » des tarifs des péages
autoroutiers, décidé en 2015 entre l’Etat et les concessionnaires autoroutiers
en plein scandale de la rente constituée sur le dos des usagers, devrait au
final gonfler les poches des seconds. Car les hausses des tarifs qui suivront
le « dégel » des tarifs, entre 2019 et 2023, permettra aux grandes sociétés de
se « refaire » rapidement et abondamment. Au total, calcule l’Arafer, les
augmentations devraient en effet rapporter plus d’argent que ce que leur coûte
le gel des tarifs, avec une plus-value estimée à un demi-milliard d’euros.
Pour
parvenir à cette estimation, le rapport se fonde sur des hypothèses jugées
crédibles de trafic autoroutier et d’évolution des prix, faute d’obtenir de
l’Etat celles qui ont servi de bases à la négociation avec les concessionnaires,
le gouvernement ayant toujours refusé de dévoiler le détail des contrats passés
avec les sociétés qui exploitent les autoroutes, et notamment les conditions de
la prolongation des concessions, en dépit d’une décision de justice l’obligeant
à le faire. Le secret des affaires a beau avoir tenu bon, l’Arafer a flairé ce
qui se trame : avec des hausses comprises entre 0,23 % et 0,82 % selon les
réseaux, les « recettes cumulées (seraient) de l’ordre de 500 millions d’euros
» sur « la durée restant à courir des concessions ».
De
quoi relancer le débat que le gouvernement avait brutalement refermé, en mars
2015, en retenant l’avis d’un « groupe de travail » ad hoc mis en place par
Manuel Valls avec la complicité d’Emmanuel Macron. Celui-ci, composé de quinze
membres, avait opportunément cautionné la négociation déjà en phase de
conclusion avec l’Etat pour un allongement des concessions autoroutières, et
tenté de discréditer la proposition d’une renationalisation par l’Etat portée
notamment par les députés et sénateurs communistes, ou toute autre solution
alternative défendue par la mission d’information parlementaire sur les
autoroutes. Au point de pousser le rapporteur de cette dernière, le député PS
Jean-Paul Chanteguet, à claquer la porte du « groupe de travail » de Valls et
Macron en dénonçant une « parodie de consultation ». « La rente autoroutière
existe bien et elle n’est pas justifiée », déclarait alors la sénatrice
communiste Evelyne Didier, plaidant pour « le retour à une maîtrise totale de l’État
par la nationalisation » des autoroutes. Une option qui confirme sa pertinence,
à l’heure du marché de dupes révélé par le rapport de l’Arafer.
Sources : humanite.fr
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