La Cour de
cassation reproche à une entreprise de n'être pas capable de justifier
l'exclusion d'un salarié de l'enveloppe des augmentations individuelles. Les
motifs invoqués ne sont pas suffisamment étayés, estiment les juges.
Rien
n'interdit l'individualisation des salaires. C'est notamment par le biais
d'augmentations individuelles que les entreprises cherchent à valoriser le
travail réalisé par certains salariés. Mais attention, le service RH doit être
en mesure de justifier la différence de traitement opérée entre collaborateurs,
car sinon il existe un risque de discrimination qui se profile, comme l'a
appris à ses dépens un employeur.
Pas
d'augmentation individuelle dans son service
Après
son licenciement pour inaptitude, un ingénieur recherche et développement d'une
société de fabrication, de conception et de commercialisation de produits
médicaux, saisit les juges afin d'obtenir divers dommages et intérêts. Il
reproche notamment à son entreprise d'avoir fait preuve de discrimination
salariale en ne lui allouant pas d'augmentation individuelle.
La
cour d'appel fait droit à sa demande. Elle estime que l'employeur n'a pas
rapporté la preuve "d'éléments objectifs et matériellement vérifiables qui
justifieraient l'exclusion du salarié de la répartition de l'enveloppe globale
de 3% du montant des salaires de base des cadres et délégués hospitaliers de
décembre 2008 fixée pour les augmentations individuelles". L'employeur
s'était contenté d'affirmer que les augmentations individuelles avaient été
allouées en fonction des "performances individuelles" et
"qu'aucun salarié du service recherche et développement n'en avait
bénéficié compte tenu des performances décevantes de ce service".
A
l'employeur de justifier les augmentations individuelles allouées
Mais
la Cour de cassation confirme la solution de la cour d'appel. D'autres salariés
appartenant au personnel des cadres avaient reçu une telle augmentation,
constate la Haute juridiction. Le salarié rapportait bien la preuve
"d'éléments de fait susceptibles de caractériser une inégalité de
rémunération" et l'employeur, lui, n'établissait pas l'existence
"d'éléments objectifs justifiant la différence de rémunération".
Bref,
se contenter d'affirmer qu'un service ou qu'un salarié n'est pas performant ne
suffit pas. Il faut étayer cette affirmation par des éléments chiffrés et
précis pour pouvoir légitimement faire des différences de traitement salariales
entre des collaborateurs placés dans une situation identique. Or, ni l'accord
collectif ni les informations de l'employeur ne permettaient de connaître ces
informations. La Cour de cassation confirme ainsi la condamnation de
l'entreprise à verser la somme de 3 000 € au titre de la discrimination
salariale.
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