Ce sont des grandes
manœuvres capitalistiques qui montrent l’intérêt stratégique du secteur,
notamment par les sources récurrentes de revenus qu’il représente. Après des
mois de discussions, l’italien Atlantia et l’espagnol ACS, qui convoitaient
tous les deux le gestionnaire espagnol d’autoroutes Albertis, ont fini par
trouver un terrain d’entente, évitant ainsi de s’engager dans une surenchère
ruineuse.
Les deux groupes
ont annoncé, jeudi 15 mars la signature d’un « accord
préliminaire » pour mener une offre conjointe sur Abertis, pour
18,1 milliards d’euros.
Avec un chiffre d’affaires
de 5,3 milliards en 2017, Abertis se présente comme « le premier
gestionnaire d’autoroutes au monde – avec plus de 8 300 km dans 12
pays d’Europe et d’Amérique ». En France, il possède l’intégralité de
Sanef, qui a 1 760 km d’autoroutes dans le nord et l’est.
Un dossier à la
fois politique et économique
La bataille pour
Abertis opposait depuis octobre la famille italienne Benetton, qui contrôle
Atlantia, à l’homme d’affaires espagnol Florentino Perez, principal actionnaire
d’ACS et président du Real Madrid. Ses deux casquettes en font un personnage
puissant et très médiatique.
Ces dernières
semaines, le gouvernement espagnol s’était inquiété de voir l’un des principaux
gestionnaires autoroutiers du pays passer sous contrôle étranger si l’offre
d’Atlantia était retenue. Une des filiales d’Abertis constitue également un
actif stratégique pour l’Espagne : la
société de satellites Hispasat assure les
communications du gouvernement espagnol. Elle pourrait finalement être cédée à l’opérateur du réseau électrique espagnol Red Eléctrica.
Deux groupes
puissants
Depuis quelques
années, la famille Benetton a diversifié (ou sécurisé) son patrimoine en dehors
de son activité traditionnelle de textile, en se tournant vers la gestion
d’infrastructures. Aujourd’hui, Atlantia gère un peu plus de 3 000
kilomètres d’autoroutes, dont 50 % en Italie. En 2016, il a également
acquis la concession de l’aéroport de Nice, privatisé par le gouvernement de
Manuel Valls.
À coups de fusions
et d’acquisitions, ACS est devenu au fil des années, le numéro un du BTP
espagnol. Il a survécu à la crise, grâce à son implantation mondiale avec plus
de 80 % de son chiffre d’affaires réalisé hors d’Espagne.
ACS veut revenir
aujourd’hui sur le marché des concessions autoroutières. Le groupe dirigé par
Florentino Perez, qui connaît bien le secteur puisqu’il fut un des fondateurs
d’Abertis, dont il a détenu jusqu’à 25 % du capital entre 2002 et 2011.
En 2006, le PDG
avait même mis au point un scénario de fusion entre Abertis et Autostrade, la
société qui gère les autoroutes en Italie et qui est devenue Atlantia. Mais à
l’époque, l’affaire avait échoué à cause de l’opposition du gouvernement
italien.
Un accord très
complexe
L’offre conjointe
sera opérée via Hochtief, la filiale allemande d’ACS, ce qui garantit à
l’Espagne un droit de regard sur l’avenir d’Abertis.
Selon les termes de
cet accord, Atlantia détiendra 50 % plus une action de la nouvelle entité
qui sera le propriétaire final d’Abertis. S’y ajoutera une participation
indirecte supplémentaire par le biais d’une entrée au capital de Hochtief à
hauteur d’environ 25 %.
Un pacte
d’actionnaires et un contrat de long terme entre les trois groupes fixeront les
règles de gouvernance.
Pas de dépeçage
d’Abertis
Au départ, Atlantia
espérait prendre le contrôle total d’Abertis tout comme ACS, mais il n’en avait
pas forcément les moyens. La presse espagnole évoquait ces derniers jours un
démembrement d’Abertis. Une intention fortement démentie par Florentino Perez. « Nous
n’avons pas conclu cet accord pour dépecer Abertis et nous répartir les actifs.
Nous avons fait un projet à long terme, avec l’intention qu’il dure
toujours », a-t-il affirmé, en évoquant la création de « la
première entreprise de concessions et d’infrastructures au monde ».
L’accord
signé laisse à Atlantia la possibilité de racheter à Abertis une
participation comprise entre 29,3 % et 34 % dans Cellnex, l’opérateur
espagnol de tours de télécoms
sources : La Croix
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