Le Canard enchaîné révèle cette semaine combien
l’accord passé en 2015 entre l’État et les sociétés concessionnaires
d’autoroutes — pourtant qualifié à l’époque de « gagnant-gagnant » par le ministre de l’économie
Emmanuel Macron —, s’est fait au détriment de la puissance publique et
donc de la collectivité. Mais pourquoi avoir privatisé les autoroutes ? En 2012, Philippe Descamps
racontait cette histoire, emblématique du capitalisme de connivence à la
française.
Amorcée par le gouvernement de M. Lionel Jospin,
puis généralisée par celui de M. Dominique de Villepin, la privatisation
des autoroutes illustre le capitalisme de connivence à la française. L’Etat
impose le système coûteux du péage, assume l’essentiel des risques, puis
organise la captation de la rente par les grands groupes.
L’usage des autoroutes est en principe
gratuit . »
Enjolivée par cette belle proclamation, la loi de 1955 portant statut des
autoroutes a instauré dans les faits la règle du péage. Ce texte restaurait l’un
des droits féodaux abolis par la Révolution française, et fondait un système
mêlant investissements publics et bénéfices privés. Le recours aux sociétés
d’économie mixte concessionnaires d’autoroutes (Semca, dont le capital reste
contrôlé majoritairement par l’Etat) financées par le péage n’était dans un
premier temps prévu que « dans
des cas exceptionnels » ; mais il devint rapidement la norme, au
nom du « rattrapage ». En ce milieu des années 1950,
l’Allemagne comptait déjà plus de trois mille kilomètres d’autoroutes et
l’Italie, plus de cinq cents ; la
France, à peine quatre-vingts.
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Auteur de l’article : Philippe Descamps
sources : le Monde-Diplomatique
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