Qu'explique-t-il
concrètement ? Que des portions de routes gérées par l'Etat, avec un
profil 2x2 voies et chaussées séparées, situées dans le prolongement
d'une autoroute, peuvent être intégrées au réseau d'autoroutes et donc
être potentiellement concédées. Certes, celles-ci ne concernent que
plusieurs dizaines de kilomètres sur les quelque 12.000 km de routes
nationales, mais à l'heure où la privatisation d'une majeure partie des
autoroutes (9.184 km sur 11.600) suscite toujours la controverse, cet
adossement de portions de routes à des concessions autoroutières pose
question sur la future gestion du réseau national. Car l'un des
objectifs de cet amendement vise "à sécuriser juridiquement l'adossement
au réseau routier concédé de sections du réseau routier".
Lors
de la proposition de la LOM, l'exemple cité était le prolongement de
l'A51 à gabarit routier entre le péage de La Saulce et la vallée de
l'Avance, qui pourrait désormais aller jusqu'à l'intersection de la RN94
et de la RD942. L'idée était de désengorger ce genre de tronçons, en
échange de leur entretien par les concessions, à condition qu'ils soient
“couverts par une augmentation des tarifs raisonnable”.
Une manne pour les concessions autoroutières
Même le confinement, qui a provoqué une baisse exceptionnelle du trafic autoroutier de - 80 %, n'entamera leurs profits que de manière modérée. L'ART estime que les sociétés de concessionnaires d'autoroutes ne perdront que deux milliards d'euros de chiffre d'affaires : pas de quoi remettre en cause leur rentabilité en 2020. Alors certes, l'argument d'entretenir des routes en piteux état (plus de 50 % sont à rénover, et 17 % du réseau routier national est très dégradé) plaide en leur faveur, mais à quel prix pour l'usager ? L'ART préconise de maintenir la gratuité de l'accès à ces sections en rallongeant les - juteux - contrats des concessionnaires. Mais ceux-là, prolongés à plusieurs reprises, courent déjà jusqu'en 2031 et 2036. Une suggestion qui va à contre-sens du chemin que prennent nos voisins européens, notamment l'Espagne, qui commence à renationaliser, et l'Italie, qui a résilié l'un des contrats à la suite de l'effondrement du pont de Gênes.
Quoi qu'il en soit, une commission d'enquête du Sénat est en cours. Elle pointe en particulier l'erreur stratégique d'avoir laissé la manne financière aux mains des concessions. La commission doit rendre son rapport mi-septembre. Avec, à la clé, des propositions favorables aux usagers ? On peut rêver.
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