Les concessions qui arrivent à échéance prochainement
ne seront pas renouvelées. Les voies passeront sous gestion publique.
Fin de péage sur les autoroutes espagnoles. Le
ministre des Transports et de l'Aménagement du territoire, José Luis Ábalos, a
lâché une bombe ce début de semaine. Il a annoncé que les concessions des voies
à péage arrivant prochainement à échéance ne seront pas renouvelées. On ignore
encore le mode de financement prévu, mais la nouvelle dynamite l'horizon des
concessionnaires, parmi lesquels le propriétaire de Sanef en France, le groupe
Abertis, qui se trouve actuellement au coeur d'une procédure d'OPA
lancée conjointement par l'Italien Atlantia et l'Espagnol ACS .
« Nous avons décidé de lever le péage,
nous agirons en cohérence avec nos engagements et les propositions faites au
Sénat afin que ces autoroutes soient incorporées au réseau public », a simplement annoncé le
ministre sans donner plus de détails.
La mesure devrait affecter directement trois tronçons
qui totalisent 552 kilomètres et représentent à eux seuls 21 % des
autoroutes payantes du pays (2.550 km au total). Le premier concerné est
celui de Burgos-Armiñon, sur la AP-1, qui relie Burgos à la frontière française
en passant par le Pays basque. La concession, aux mains d'Itinere, s'achève le
30 novembre prochain au terme de 50 ans. L'an prochain, ce sera le tour
des segments de Séville-Cadix sur la AP-4 en Andalousie, et de
Tarragone-Alicante sur la AP-7 le long de la côte méditerranéenne, tous deux gérés
par Abertis et dont les concessions tombent au 31 décembre 2019.
Solder l'héritage
L'annonce de Madrid ne concerne, en principe, que ces
trois concessions. Mais elle crée un précédent pour les suivantes - notamment
le tronçon très fréquenté entre Barcelone et la frontière française et le
trajet Saragosse-Méditerranée - toutes deux aux mains d'Abertis jusqu'en 2021.
Le nouvel exécutif donne ainsi un coup de pied dans la
fourmilière d'un secteur complexe, qui depuis des décennies fait coexister
gratuité (80 % du réseau de voies rapides) et péages (20 %), gestion
nationale et régionale, avec des disparités évidentes sur le territoire. Il
s'agit pour Madrid de solder un héritage hétéroclite et
contradictoire , sans cohérence économique ni géographique, entre les
premières autoroutes à péage d'accès, construites au temps du franquisme, les
voies gratuites financées dans les années 1990 grâce aux fonds européens, et la
troisième génération d'autoroutes, payantes à nouveau, qui avaient vu le jour
lors du boom des années 2000 et dont certaines ont fait faillite depuis.
« Rien n'est gratuit »
La décision d'opter pour la gratuité est applaudie par
les associations patronales du transport routier qui calculent pouvoir
économiser jusqu'à 1.900 euros annuels par camion. En revanche, elle est
reçue avec préoccupation par les concessionnaires. « Rien n'est
gratuit, il faut juste savoir qui va payer », questionne Julian Nuñez,
président de l'association patronale du secteur, Seopan. Surpris par une
annonce « sans contact préalable avec les intéressés »,
il s'inquiète d'un effet « purement électoraliste », tout en
« s'éloignant du modèle choisi par les pays voisins ». Dans
l'immédiat, ce choix pourrait, selon les calculs de Seopan, coûter
450 millions à l'Etat espagnol.
Sources :
lesechos.fr – Cecile Thibaud
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