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jeudi 21 juin 2018

En Espagne, certaines autoroutes vont devenir gratuites


Les concessions qui arrivent à échéance prochainement ne seront pas renouvelées. Les voies passeront sous gestion publique.

Fin de péage sur les autoroutes espagnoles. Le ministre des Transports et de l'Aménagement du territoire, José Luis Ábalos, a lâché une bombe ce début de semaine. Il a annoncé que les concessions des voies à péage arrivant prochainement à échéance ne seront pas renouvelées. On ignore encore le mode de financement prévu, mais la nouvelle dynamite l'horizon des concessionnaires, parmi lesquels le propriétaire de Sanef en France, le groupe Abertis, qui se trouve actuellement au coeur d'une  procédure d'OPA lancée conjointement par l'Italien Atlantia et l'Espagnol ACS .

« Nous avons décidé de lever le péage, nous agirons en cohérence avec nos engagements et les propositions faites au Sénat afin que ces autoroutes soient incorporées au réseau public », a simplement annoncé le ministre sans donner plus de détails.

La mesure devrait affecter directement trois tronçons qui totalisent 552 kilomètres et représentent à eux seuls 21 % des autoroutes payantes du pays (2.550 km au total). Le premier concerné est celui de Burgos-Armiñon, sur la AP-1, qui relie Burgos à la frontière française en passant par le Pays basque. La concession, aux mains d'Itinere, s'achève le 30 novembre prochain au terme de 50 ans. L'an prochain, ce sera le tour des segments de Séville-Cadix sur la AP-4 en Andalousie, et de Tarragone-Alicante sur la AP-7 le long de la côte méditerranéenne, tous deux gérés par Abertis et dont les concessions tombent au 31 décembre 2019.
 
Solder l'héritage

L'annonce de Madrid ne concerne, en principe, que ces trois concessions. Mais elle crée un précédent pour les suivantes - notamment le tronçon très fréquenté entre Barcelone et la frontière française et le trajet Saragosse-Méditerranée - toutes deux aux mains d'Abertis jusqu'en 2021.

Le nouvel exécutif donne ainsi un coup de pied dans la fourmilière d'un secteur complexe, qui depuis des décennies fait coexister gratuité (80 % du réseau de voies rapides) et péages (20 %), gestion nationale et régionale, avec des disparités évidentes sur le territoire. Il s'agit pour Madrid de solder  un héritage hétéroclite et contradictoire , sans cohérence économique ni géographique, entre les premières autoroutes à péage d'accès, construites au temps du franquisme, les voies gratuites financées dans les années 1990 grâce aux fonds européens, et la troisième génération d'autoroutes, payantes à nouveau, qui avaient vu le jour lors du boom des années 2000 et dont certaines ont fait faillite depuis.

« Rien n'est gratuit »

La décision d'opter pour la gratuité est applaudie par les associations patronales du transport routier qui calculent pouvoir économiser jusqu'à 1.900 euros annuels par camion. En revanche, elle est reçue avec préoccupation par les concessionnaires. « Rien n'est gratuit, il faut juste savoir qui va payer », questionne Julian Nuñez, président de l'association patronale du secteur, Seopan. Surpris par une annonce « sans contact préalable avec les intéressés », il s'inquiète d'un effet « purement électoraliste », tout en « s'éloignant du modèle choisi par les pays voisins ». Dans l'immédiat, ce choix pourrait, selon les calculs de Seopan, coûter 450 millions à l'Etat espagnol.

Sources : lesechos.fr – Cecile Thibaud

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