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lundi 23 décembre 2019

Clap de fin des DP





La lumière revient déjà, et le film est terminé
Je réveille mon voisin, il dort comme un nouveau-né
Je relève mon strapontin, j'ai une envie de bailler
C'était la dernière DP, c'était sa dernière séance
Et le rideau sur l'écran est tombé







Voilà ! Fini les Délégués du Personnel, cette belle instance représentative des salariés en France, créée officiellement en 1936 par le Front Populaire puis supprimée sous le régime de Vichy, rétablie par la loi du 16 avril 1946 et dont l’origine remonte aux délégués à la sécurité des ouvriers mineurs (loi du 8 juillet 1890) et aux délégués d'atelier dans l'industrie de la défense nationale après 1917.

Une instance qui méritait le respect, bien plus qu’elle n’en recevait lors des réunions. 


Une instance dans laquelle ceux qui prenaient le rôle de représentant du personnel à cœur se retrouvaient à prendre des coups, parfois bien bas. Il fallait être accroché pour défier la Direction et aller au casse-pipe pour les collègues. De belles engueulades, quelques rigolades, des jeux d’acteurs, des représentants de la Direction qui découvraient les problèmes de leurs salariés, des Directeurs qui s’endormaient, des assistant(e)s juridiques buté(e)s qui ne comprenaient rien, qui tentaient de nous apprendre le Code du Travail, des élus « plantes vertes » (ceux que certains syndicats « maison » plaçaient pour vampiriser les sièges d’élus et qui brillaient par leur absence) qui pouvaient postuler au poste de vérificateur des néons plafonniers tant ils aimaient scruter le plafond avec parfois un regard absent de toute forme de vie terrestre, des cadres élus avec la bénédiction de la Direction et qui ne savaient pas si ils devaient s’asseoir avec le peuple ou à côté du Seigneur Directeur, des élus arrivistes qui ne comprenaient même pas leurs questions, ou qui ne savaient pas les défendre quand leurs auteurs n’étaient pas là, ou qui plantaient même carrément les salariés avec leurs questions. 


Des dénonciations aussi, du temps des petites mafias… caisses noires, ventes sans facture, accumulation de CDD à répétition sans période de carence pour la famille d’un « bien placé » avec la bénédiction de son chef et de la Direction, le trafic d’heures exceptionnelles programmées, etc … tout ce qui nous a posé certains problèmes par la suite, certains de nos élus ayant été visés par vengeance.


Bref, du beau spectacle avec tant d’anecdotes que l’on pourrait en faire un livre.


Une belle instance dont le rôle des élus était de réclamer et de revendiquer face à une Direction qui brillait par ses non-réponses, une Direction dont la devise pouvait être « dites-moi ce dont vous avez besoin, je vous expliquerai comment vous en passer…(Coluche)


On en a vu passer des Directeurs, toujours plus intelligents et plus malins que les précédents, jusqu’à ce qu’ils soient à leur tour remplacés par un qui les surpassait, et ainsi de suite.


Donc voilà, c’était la dernière séance. On a réveillé notre voisin de la Direction qui dormait, la salle s’est vidée. L’instance des Délégués du Personnel disparue un temps sous le régime de Vichy n’a pas survécu à un énième assaut parlementaire qui, sous couvert de modernisation du dialogue social en entreprise, en a profité pour la rayer définitivement de la représentation du personnel, avec la bénédiction à peine voilée du patronat et autres medef-compatibles.



l'Inf'Autonomes, l'information autonome du groupe Sanef du mois de décembre est à lire ou à télécharger ici : lien 


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